Circonscription de Bagnolet

A l’usage des parents confinés et de leurs enfants

02 / 04 / 2020 | Valérie Vigier

A- Votre enfant est agité, opposant

Voici deux semaines que le confinement est vécu par les familles, confinement qui contraint et ne permet pas ou très peu d’emmener les enfants se défouler à l’extérieur. Or, pour beaucoup, qu’ils soient jeunes ou plus âgés mais débordant d’énergie, cette impossibilité agit comme si elle décuplait leur besoin de bouger. Des tensions risquent alors de se cristalliser au sein des familles, surtout si celles-ci vivent dans des appartements exigus, ne permettant pas aux adultes ou aux enfants de s’isoler ponctuellement.
Les enfants sont extrêmement sensibles aux humeurs et comportements de leurs parents, à leurs états émotionnels et à leurs réactions. Il est donc primordial que les parents puissent prendre un peu de recul, qu’ils parviennent à s’éloigner des enfants pour se poser, se calmer car les situations pouvant générer de l’énervement se multiplient dans ce contexte :
 au moment de faire le travail proposé par l’enseignant, soit parce que l’enfant ne comprend pas, soi parce que le parent explique différemment… - après avoir travaillé, car l’enfant ressent le besoin d’avoir un temps récréatif, or celui qu’il obtient ne lui permet pas de se défouler… - lorsque frères et sœurs se retrouvent, dans des petits espaces, et l’ambiance anxiogène qui peut régner, alimentée par ce qu’ils entendent au sujet du Coronavirus, occasionne des conflits - parce qu’ils voudraient passer plus de temps devant les écrans et que leurs parents tentent de maintenir des règles… - parce qu’il ne faut pas se coucher trop tard pour conserver un certain rythme alors que les enfants ne se sentent pas fatigués, tandis que les parents aspirent à un peu de repos …
Alors, conseils aux parents : prenez du temps pour vous, isolez-vous quelques instants, respirez profondément… Quand vous vous sentez prêt, revenez vers eux,
proposez-leur aussi ce type d’exercice et n’hésitez pas à mettre des mots sur vos ressentis (je suis énervé parce que – la journée est chargée, j’ai beaucoup de choses à faire, je ne sais peut-être pas m’y prendre pour t’expliquer les exercices, etc…) Vous pouvez également mettre des mots sur ce qu’ils ressentent eux aussi / je sais que c’est dur parce que – tu ne peux pas sortir, tu ne vois pas tes copains, tu t’inquiètes, etc… Pour un parent, supporter les moments d’opposition ou de colère de son enfant dans ce contexte risque de devenir difficile. Pour l’enfant, c’est un moyen de tester les limites bien sûr, mais aussi de rechercher l’attention des parents pour leur dire quelque chose. Et peut-être que votre enfant se montrera plus opposant que d’habitude dans ce contexte… Ne vous sentez pas coupable ! Pour y faire face :
 vos consignes doivent être simples, courtes et en évitant les formules négatives / Préférez « parle doucement, marche tranquillement, … » à « ne crie pas, ne cours pas… » - hiérarchisez vos demandes en privilégiant celles qui vous semblent indispensables - Soyez dans l’anticipation, prévenez avant d’exiger / « après le déjeuner on commence le travail, dans 5mn tu iras te laver »… - Donnez des choix à l’enfant même si au fond c’est vous qui décidez « tu préfères aller à la douche dans 5mn ou avant de diner ? »… - Quand vous demandez quelque chose à votre enfant, restez à ses côtés jusqu’à ce qu’il commence à le faire, pour être sûr qu’il a compris ou l’aider à démarrer - N’oubliez pas de le féliciter quand il a fait quelque chose et rappelez au coucher tout ce qui vous a satisfait dans la journée. - Maintenez vos exigences à l’identique d’un jour à l’autre et d’un parent à l’autre - Evitez les confrontations et les cris, détournez son attention, faîtes de l’humour, parlez d’une voix ferme mais sereine.

En cas de crise, voici les conseils prodigués par les professionnels de l’hôpital R. Debré :
Que faire lorsque l’opposition est là ? Comment la gérer alors que je suis confiné(e) avec toute la famille ?
1. Établissez un contact physique et oculaire : Si l’enfant vous désobéit, approchez vous de lui, sans vouloir le menacer de votre présence physique. Il est important de se mettre à sa hauteur et d’établir un contact oculaire. Vous pouvez aussi établir un contact physique comme lui tenir les mains si nécessaire. Une fois que vous avez son attention vous pouvez alors lui expliquer ce qu’il ne doit pas faire et lui proposer une alternative.
2. Réagissez de manière graduée en fonction de l’importance de la désobéissance : par exemple lui enlever un jouet, tablette … pour une durée de temps courte et limitée (quelques minutes) en lui expliquant pourquoi. Après ce temps, vous pourrez lui rendre. S’il répète le comportement que vous avez interdit, vous pouvez lui retirer son jouet (ou ce que vous lui avez retiré précédemment) pour une durée de temps un peu plus longue. En cas de colère vous pouvez proposer un temps calme (5 -10 minutes) pour qu’il se calme.
3. Réguler sa réaction et s’y tenir : bien souvent, nous avons tendance à vouloir poser des limites fortes à ses enfants « Tu seras privé de jeux vidéo pour toute une semaine » « Tu ne pourras plus appeler tes amis de toute la semaine ». Evitez des sanctions que vous ne pourrez pas tenir. Si vous décidez d’imposer une sanction il faut qu’elle soit mesurée et réalisable. Dans le cas contraire votre enfant comprendra que vos punitions ne sont pas tenues et cela renforce l’idée d’impunité et le fait de
pouvoir continuer les comportements non désirés. Restez ferme mais juste et privilégiez la récompense à la punition.

Si une crise de rage ou de colère survient, comment vais-je pouvoir la gérer durant la période de confinement ?
Le confinement va éprouver beaucoup plus la famille. Toute la famille est soumise à beaucoup de tensions, à la gestion des frustrations. Il n’est donc pas impossible que votre enfant face à des situations de frustration (qui sont des facteurs de risque de déclenchements) puisse faire des crises de colère ou de rage en ce moment. Il va donc falloir les gérer de la meilleure manière possible, afin de préserver l’harmonie familiale durant le confinement. Le message clef est de ne pas faire « d’escalade » durant la crise, c’est à dire réagir comme un miroir face à votre enfant. Voici quelques stratégies comportementales à mettre en place si vous êtes dans cette situation.
10 stratégies pour gérer la crise
1. Rester calme devant votre enfant qui vous insulte et vous frappe est loin d’être simple. Votre enfant va chercher à vous entrainer dans sa crise, en criant, en vous provoquant, vous suivant dans la maison jusqu’à obtenir une réaction de votre part. 2. Appliquez un temps de retrait : limitez les interactions avec votre enfant en le mettant dans sa chambre ou dans une autre pièce. S’il refuse d’y aller par lui-même, vous pouvez l’accompagner. Attention cette phase est souvent difficile. Essayez de ne pas trop parler et ne lui faites pas mal en l’accompagnant. C’est pour cela que l’accompagner est une bonne solution. En général, l’enfant vous suivra facilement si vous vous déplacez.
3. S’il ne respecte pas ce temps de retrait, vous pouvez essayer de fermer la porte en expliquant à l’enfant que ce temps de retour au calme est nécessaire. Ne cherchez pas à négocier avec lui à travers la porte. N’intervenez plus, à moins d’une mise en danger de l’enfant.
4. S’il ne respecte toujours pas ce temps de retrait, et qu’il tambourine à la porte. Vous pouvez entrer dans la pièce, vous asseoir sur une chaise et faire semblant de lire. Faites semblant de ne pas le voir, ayez l’air occupé à regarder un livre ou un journal. En général les enfants détestent que ses parents soient indifférents à leur crise. Ne cherchez pas à négocier avec lui. Restez calme. N’intervenez plus, à moins d’une mise en danger de l’enfant.
5. Évitez que la crise ne se généralise à toute la famille. Essayez de demander aux autres enfants d’aller dans leur chambre ou une autre pièce. Evitez de vous disputer entre adulte. Quand il y a une crise comme cela, très rapidement tout le monde se dispute.
6. Les autres enfants de la fratrie ne doivent pas assister à la crise. En ce temps de confinement, il n’est pas possible de les faire sortir de la maison, il faut donc essayer de les mettre dans une autre pièce.
7. Si vous êtes deux adultes à la maison, pensez à vous relayer auprès de l’enfant en crise. Cela permet aussi de souffler. En général on ressent soit même beaucoup de tension.
8. Ne parlez pas trop pendant la crise. Restez simple. Ce n’est pas le moment pour interroger votre enfant sur ce qu’il ressent, ni pour lui faire la morale. Votre enfant est débordé par ses émotions, il n’est pas accessible à la discussion. Plus vous le relancez, plus vous prolongez la crise.
9. Après la crise (ouf), il faut reprendre la situation à froid avec votre enfant. Il faut réagir à froid, une fois que vous et votre enfant serez dans un état émotionnel stable. 10. Évitez les punitions car l’enfant n’a pas assez de contrôle sur son comportement pour éviter les crises, la punition risque d’augmenter sa colère et baisser son estime de lui. Privilégiez la réparation, en permettant à votre enfant de réparer les dégâts matériels qu’il a causés durant la crise. Donnez-lui des missions d’intérêt général, comme mettre le couvert, ou passer l’aspirateur. Accompagnez votre enfant pour les premières tâches.

Est-ce que la colère que j’ai ressentie en tant que parent est normale ?
Vous avez peut-être ressenti de la colère contre votre enfant, de la culpabilité si vous avez perdu le contrôle de votre comportement pendant la crise, mais aussi de l’empathie pour votre enfant qui souffre, ou même un sentiment de découragement dans votre rôle de parents. Ces émotions peuvent aussi se superposer, il faut les accepter. Le confinement est une période stressante pour toute la famille, mais elle peut être un bon moment pour réaliser des activités en famille dont vous n’avez pas le temps en période scolaire. Vous pouvez faire un emploi du temps pour les temps dédiés aux devoirs/travail des parents et des temps pour les loisirs/activités en individuel et en famille.
Le confinement, qui s’apparente à un isolement social, peut amplifier les sentiments négatifs, d’autant que nos vivons une période d’épidémie stressante. Mais en tant que parents, il peut être difficile de s’avouer qu’il est compliqué d’être 24h/24 avec ses enfants qui occupent notre espace tant physique que psychique, qui nous fatiguent et envers lesquels nous nous surprenons à avoir des pensées agressives. Dans ces moments extrêmes, chaque parent devrait pouvoir partager avec d’autres adultes : ami, frère ou sœur, autre parent, psychologue… Toute personne dont l’écoute peut faire du bien et aider à ne plus se sentir seul avec ses émotions et son vécu.

B- Votre enfant présente un trouble du spectre autistique
Lorsque que l’on est parent d’enfants atteints de troubles autistiques, la mission de confinement parait être encore plus compliquée. Aussi voici quelques pistes qui peut être vous seront utiles.
La situation de confinement ainsi que la désorganisation du quotidien de l’enfant peuvent générer des moments d’angoisse ; aussi il est important de le rassurer. Avec des mots simples, expliquez-lui la situation sans dramatiser et surtout rassurez le sur l’issue prochaine de cette situation et la certitude du retour de ses habitudes passées. Si l’enfant pose des questions répondez calmement, avec des paroles rassurantes et éviter de le confronter aux images de la télévision ou des médias. Expliquez-lui la nécessité d’appliquer les mesures barrières afin que nous nous protégions tous et de le protéger lui.
La mise en place d’un emploi du temps quotidien peut l’aider à mieux surmonter ses inquiétudes : de nouveaux rituels seront ajoutés à ceux que vous avez déjà mis en place et rythmeront sa journée du lever au coucher. Alternez les activités ludiques et celles qui demandent plus d’effort. L’aménagement de l’espace peut aussi être repensé en fonction des activités pratiquées et des besoins de chacun. Votre patience est et sera sans doute mise à l’épreuve et il vous faudra faire preuve de souplesse et de patience. Alors, n’oubliez pas de prendre du temps pour vous et pour vous détendre. N’hésitez pas à faire appel aux personnes qui accompagnent habituellement votre enfant et qui le connaissent bien (pédopsychiatres, orthophonistes, psychologues, éducateurs, psychomotriciens...). Ces professionnels pourront vous conseiller et vous accompagner pour mieux vivre cette période à la maison.

Ci-joint quelques adresses de sites qui pourraient vous être utiles et en Pièce jointe le document qui a inspiré mes remarques et contient plusieurs ressources qui, j’espère, vous aideront.
- autismeinfoservice.fr
 canalautisme.com
 autisme.info31.free.fr
 http://spectredelautisme.com/

B- Perspectives proches
Les vacances de printemps approchent. Elles étaient préparées pour certains, rêvées, attendues par tous. Mais la situation inédite que nous traversons, en raison de la pandémie de Covid-19, bouleverse tous nos projets : les voyages pour le printemps sont annulés et avec eux la perspective de partir en vacances.
Comment expliquer cette situation aux enfants sans les angoisser davantage ? Quelles astuces mettre en œuvre pour les faire voyager sans sortir de la maison et pour qu’ils ne soient pas complètement privés de vacances ?
Considérer la situation actuelle avec un état d’esprit positif va nous permettre de mieux la vivre. Et cela commence par le confinement. Il nous faut le réexpliquer aux enfants et mettre en avant les conséquences très positives que cela a sur le retentissement de l’épidémie. Il faut leur faire comprendre que tout est mis en œuvre pour l’éradiquer et que le confinement n’est pas une punition mais bien une obligation collective en tant que citoyen français mais aussi du monde. Évidemment, malheureusement, ce confinement s’applique aux vacances et en les annulant, vous parents, vous éveillez la conscience sociale de vos enfants car vous prenez soin de lui, de vous mais aussi des autres.
La « vacance » c’est du temps libre, inoccupé, du vide, du temps qu’il faut remplir. Les « vacances » désignent à l’origine la période pendant laquelle les élèves cessent leurs études puis les « jours de vacances » les jours où l’on interrompt le travail pour se détendre.
N’hésitez donc pas à mettre en place et à créer un vrai emploi du temps de vacances de printemps au domicile familial. « En vacances j’oublie tout » ; détente, plaisirs et liberté dans la maison sont des mots d’ordre à prioriser. Vous pouvez découvrir l’endroit, le pays où vous deviez partir, ou rêviez de partir, sans y aller, avec des livres, des vidéos, des sites spécialisés, des recettes de cuisine, des films, des documentaires… Essayez de tout faire pour que vos vacances puissent se vivre chez vous avec les moyens dont on dispose.
Confinés à la maison, il sera nécessaire de se projeter et penser positivement à l’avenir sans le Covid-19. Et penser aux prochaines vacances, exprimer ses désirs cela peut être rassurant et réconfortant.

Bon courage à tous. Nous restons disponibles, n’hésitez pas à nous contacter.

Mme Lecoufle, Mme Triana, Mme Salaün, Psychologues Education nationale Circonscription de Bagnolet

Pour nous joindre : Christelle.Lecoufle @ac-creteil.fr (Secteur Ferry, Langevin, Capsulerie, Fromond) Tel 0646351904
Eneidy.Triana@ac-creteil.fr (Secteur Wallon, Verne, Cotton, Pêche d’or, Joliot -Curie) Odile.Salaun@ac-creteil.fr (Secteur Barbusse, PVC, Jaurès, Travail)